Le gouvernement grec vote contre les droits des LGBTQI+
Le parti de droite Nouvelle Démocratie est au gouvernement depuis 6 mois. Pendant cette courte période, il a déjà attaqué un certain nombre de droits des travailleurs et travailleuses et de droits démocratiques et a intensifié la répression,en particulier contre les jeunes.
Le parti a aussi lancé une campagne idéologique conservatrice à de nombreux niveaux, y compris la réécriture de l’histoire dans les livres scolaires, un débat sur la possibilité que des prêtres enseignent dans les écoles publiques et le remplacement de certaines vacances scolaires par la fréquentation obligatoire de l’église. C’est dans le contexte de cette tournure conservatrice et réactionnaire que les droits des LGBTQI+ sont également attaqués.
Fin 2019, le gouvernement a révisé la Constitution — c’est un processus parlementaire qui ne peut avoir lieu qu’une fois tous les 5 ans. Le principal parti d’opposition parlementaire, SYRIZA, a proposé d’ajouter au 5e article de la Constitution qui interdit les discriminations fondées sur la race, la langue ou la religion, l’interdiction de discriminer les personnes sur la base de leurs préférences sexuelles ou de leur identité de genre. Le gouvernement de Nouvelle Démocratie a voté contre cette proposition, prenant ainsi position contre les droits des LGBTQI+ ! Pour de nombreux militants LGBTQI+ et personnes de gauche, ce fut un choc. Cependant, c’était prévisible.
Un certain nombre de députés et de cadres du parti gouvernemental ont fait, par le passé, des commentaires homophobes grossiers en public. Gerasimos Giakoumatos, député de la Nouvelle Démocratie dans l’ancien parlement, avait déclaré lors d’une interview que « l’homosexualité est une maladie infectieuse ». Pour appuyer ses dires, il a même invoqué sa profession médicale (il est médecin généraliste) et des recherches qu’il aurait personnellement menées !
En 2017, le gouvernement de la Nouvelle Démocratie avait voté contre le droit des transsexuel·les (incluant les mineur·es dès 15 ans) de changer leur genre sur leur carte d’identité sans avoir à fournir aux autorités une évaluation psychiatrique et un certificat médical attestant un changement physique de sexe. Le premier ministre Kyriakos Mitsotakis, alors député, a raconté une histoire en séance plénière du Parlement qui discutait du projet de loi, qu’il avait soi-disant entendue d’un médecin. Cette histoire absurde et ridicule, qui était censée prouver pourquoi le projet de loi était mauvais, concernait un adolescent qui demandait au médecin de changer de sexe parce qu’un étranger lui avait conseillé de le faire !
Il existe des dizaines d’exemples similaires que nous pourrions exposer et qui montrent la position de la Nouvelle Démocratie envers les personnes LGBTQI+ et leurs droits.
Le vote contre l’inclusion dans la constitution d’une interdiction des discriminations fondées sur les préférences sexuelles ou l’identité de genre a donné le feu vert aux personnes LGBTQI-phobes pour intensifier la discrimination et la violence.
La violence à l’encontre des personnes LGBTQI+ est loin d’être rare en Grèce. Entre 2014 et 2015, 140 cas de violence ou de discrimination ont été signalés à l’organisation « color youth » (jeunesse de couleur). Il s’agit d’incidents provenant uniquement de la préfecture de l’Attique (région du grand Athènes) et uniquement de ceux et celles qui ont été officiellement signalé·es à l’organisation, ce qui ne donne qu’un aperçu du problème.
Le meurtre de l’activiste et drag queen Zak Kostopoulos en 2018 est également caractéristique. Zak a été pourchassé (on n’a toujours pas identifié le ou les responsables) et a tenté de trouver refuge dans une bijouterie du centre d’Athènes. Le propriétaire l’a enfermé dans le magasin et a appelé la police. Avec le propriétaire, la police a battu Zak à mort, en plein jour et en public. La police et les médias ont tenté de présenter Zak comme un drogué qui voulait voler le propriétaire du magasin. Cependant, les vidéos, les tests sanguins, etc. publiés ont prouvé que la police et le propriétaire du magasin mentaient et qu’ils avaient commis un meurtre.
L’interdiction constitutionnelle de la discrimination à l’encontre des personnes LGBTQI+ représenterait une étape importante dans la lutte pour l’égalité des droits et pourrait également avoir un effet positif sur la vie des personnes LGBTQI+. Par exemple, une étude menée au Danemark et en Suède a prouvé que le mariage entre personnes du même sexe réduisait considérablement le taux de suicide chez les gays et les lesbiennes.
Bien entendu, les lois établissant les droits des LGBTQI+ sont loin de suffire à résoudre le problème. Nous devons constamment lutter contre les stéréotypes sexistes rigides, les idées conservatrices et LGBTQI-phobe dans la société, la discrimination et la violence à l’encontre des personnes LGBTQI+.
Pour que cette lutte soit couronnée de succès, elle doit s’inscrire dans la lutte contre le système dans son ensemble. Le capitalisme, malgré le masque « progressiste » qu’il peut porter à l’occasion sur ces questions, fonde son existence, entre autres, sur la discrimination. Il cultive des idées et des pratiques qui divisent la classe ouvrière ; la classe qui a le pouvoir de renverser ce système et de construire une société sans pauvreté, sans discrimination et sans exploitation, une société socialiste.
Giannos Nikolaou, Xekinima (ISA Grèce)