L'AUTRE QUOTIDIEN

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Une dernière leçon révolutionnaire : Lina Ben Mhenni a fait son ultime voyage sur les épaules de ses compagnes de lutte

Alors que le simple fait que des femmes assistent à des funérailles est inacceptable dans de nombreux pays arabes et islamiques, les funérailles de la "fille rebelle" tunisienne Lina Ben Mhenni ont reflété une révolution qu'elle a entamée, en appelant à l'égalité de genre.

Ses compagnes de combat n'ont pas marché derrière son cercueil, mais l'ont porté sur ses épaules, lui disant adieu avec des youyous et des slogans forts appelant à l'égalité des femmes avec les hommes en matière d'héritage.

"Œillet" ou "Tunisian Girl", comme elle était surnommée, étant associée à la révolution tunisienne de 2010-2011, est morte le matin du 27 janvier à l'âge de 36 ans après des années de lutte contre une insuffisance rénale.

L'enterrement a eu lieu mardi au cimetière du  Djellaz dans la capitale, Tunis, après des funérailles populaires et nationales solennelles qui se sont déroulées depuis son domicile dans le quartier d'Ezzahra de la commune de Ben Arous.

Le décès de Lina Ben Mhenni a laissé une blessure dans le cœur de ses proches, mais il a également laissé une détermination à aller de l'avant dans sa démarche révolutionnaire contre tous les obstacles, à partir de ses funérailles.

Il ne s'agissait pas d'un enterrement habituel, mais d'une marche pour les droits de l'homme au sens le plus strict, alors que ses compagnes se tenaient devant la maison, recevant le cercueil avec des youyous et agitant du jasmin, en chantant l'hymne national tunisien "Ô défenseurs de la patrie, nous mourons pour notre terre".

Bientôt, on pouvait entendre les chants révolutionnaires que Lina avait fait résonner à maintes reprises dans sa vie, notamment "Égalité pour les femmes", "Je ne pardonne pas, nous ne pardonnons pas" et "Travail, liberté et dignité nationale".

Des milliers de personnes des deux sexes se sont rassemblées pour les funérailles de la jeune rebelle tunisienne dans le cadre d'un grand enterrement "populaire", comme le souhaitait son père, et non d'un enterrement officiel comme le demandaient certains de ses camarades, tandis qu'un certain nombre de ses compagnes portaient le cercueil jusqu'à l'ambulance qui l'a conduite à sa tombe au carré des Martyrs.

Avant que le corps ne soit descendu dans la tombe, les youyous ont à nouveau retenti et les mains se sont agitées en signe d'adieu.

Et sur les médias sociaux, les commentateurs ont noté que Lina Ben Mhenni avec ces funérailles distinguées,  a refusé d'abandonner même après sa mort, et d'autres ont considéré cela comme "une dernière leçon de Lina avant le dernier adieu".

Ils ont félicité les femmes tunisiennes pour avoir "donné son sens au mot liberté".

Les règles dominantes sur la présence des femmes aux funérailles dans l'Islam disent que "c'est déconseillé et devrait être interdit", selon la majorité des prêcheurs du dogme... Les funérailles de Lina rappellent un précédent en Afghanistan en 2015, lorsqu'un groupe de militantes des droits humains a porté le cercueil d'une femme afghane de 27 ans qui avait été battue à mort par un groupe d'hommes avant de mettre le feu à son corps et de le jeter dans la rivière, pour avoir prétendument brûlé un exemplaire du Coran.

Au cours des funérailles, les militantes avaient demandé que justice soit faite pour la personne assassinée et que les auteurs soient jugés. Elles ont ainsi créé un précédent choquant dans une société dominée par les extrémistes et les hommes.

Lina Ben Mhenni


Merci à Tlaxcala
Source: 
https://cutt.ly/srTDW5P
Date de parution de l'article original: 28/01/2020
URL de cette page: 
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