Maxime Nicolle : “Nous ne laisserons personne dire que nous sommes instrumentalisés”
L'Autre Quotidien
Maxime Nicolle a décidé hier soir de rendre public sur la page Facebook de son groupe : Fly Rider Info Blocage, ce texte qui vient à point nommé rappeler à ceux qui en rêvent (et manoeuvrent en coulisse, de façon parfois immonde, pour y parvenir) que les Gilets Jaunes sont des gens qui ont fait le choix d’être auto-organisés, indépendants, déterminés à exister par eux-mêmes. De là vient la force de ce mouvement comme il n’en avait jamais existé en France, “sans chef, sans organisation centralisée, sans porte-parole désignés, libre de ses choix , inventeur de son destin…”. Avec tous ceux qui refusent d'être des figurants, mais revendiquent leur liberté d'être, de parler et de décider par eux-mêmes (voir notre texte : “Considérations sur l’autonomie”), nous ne pouvons que nous réjouir de ces mots, si neufs et si forts dans le contexte des luttes sociales en France, qui ont longtemps été fermement “encadrées” et cadenassées par des directions syndicales depuis longtemps éloignées de la base et devenues des machines à négocier avec le pouvoir sans rendre de compte à personne : “Magie de quelque chose de vivant qui nous appartient à tous car il n’appartient à personne”. Oui, il y a quelque chose de magique dans ce mouvement qui “réinvente la fraternité, la solidarité et arrache des petits bouts de liberté” malgré une répression sans précédent par son ampleur et sa violence. Une dignité une fierté et, osons-le dire, malgré les peines et les souffrances, une joie et le sentiment d’une existence en commun retrouvées.
Christian Perrot pour L’Autre Quotidien
10 mois que nous sommes là, partout dans le moindre recoin du pays, dans les villes, sur les ronds points et les péages. 10 mois que nous réinventons la fraternité, la solidarité et que nous arrachons de petits bouts de liberté. 10 mois que nous martelons nos revendications. 10 mois que nous nous soulevons. Sans chef, sans organisation centralisée, sans porte-parole désignés, libres de nos choix , inventeurs de nos destins. Auto-organisés, indépendants, déterminés à exister par nous mêmes, à donner au mouvement la forme que nous aurons décidé, nous ne laisserons personne dire que nous sommes instrumentalisés.
Magie de quelque chose de vivant qui nous appartient à tous car il n’appartient à personne. Magie d’une manifestation organisée qui se transforme par la force de l’intelligence collective en manif sauvage. Magie de lieux un temps désertés occupés à nouveau. Magie de l’imprévisible qui fait que personne ne peut prédire de quoi demain sera fait.
En face ils se sont armés jusqu’aux dents. Ils ont blessé, mutilé, éborgné, tué. Ils ont contrôlé, amendé, arrêté, jugé, emprisonné des milliers d’entre nous. Ils ont brûlé nos cabanes. Ils ont dégagé les ronds points. Ils ont défini des périmètres de manifestation.
Mais nous avons reconstruit les cabanes. Et samedi après samedi nous avons manifesté notre colère. Nous avons imaginé des formes de résistance que vos caméras truquées n’ont pas toujours réussi à cacher comme les gilets peints sur le sol de la route du tour de France. Nous sommes si nombreux et tant de cerveaux ensembles peuvent tellement inventer de façons de dire : regardez-nous, nous sommes là toujours et pour longtemps.
Vous avez choisi le mépris et le silence. Vous avez choisi la servilité et l’obéissance aux 1% qui vous ont mis là où vous êtes. Nous les précaires, les oubliés, les humiliés, nous sommes ceux qui ne sont rien, et avons choisi de redresser la tête et de nous tenir debout face à vous.
Nous serons de plus plus en plus nombreux car il n’y a qu’une minorité qui a intérêt à vous soutenir.
Pour la justice sociale et fiscale. Pour la fin des privilèges. Pour le RIC