L'AUTRE QUOTIDIEN

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02.09.2019 | Hong-Kong, Exarcheia, censure sur Facebook : une journée dans la vie de ceux qui résistent à la Machine

L’Autre Quotidien vous fait suivre désormais l’actualité des luttes sociales dans le monde en collaboration avec Teleia., créé en juin 2019. Teleia c'est le point en grec ! Une page militante qui refuse la pensée formatée pour combattre sans faille les injustices, les discriminations raciales, sexistes, sociales... Et nous entraider en échangeant des idées, en nous mettant en réseau par le partage des actions en temps réel. Parce que c'est par les connexions individuelles et collectives que nous avancerons vers ce monde que nous rêvons !

Athènes, Exarcheia. Comme l’avait annoncé le nouveau président de droite, la police a entrepris depuis une semaine de “nettoyer” le quartier rebelle d’Exarcheia. Premières victimes : les migrants qui y avaient trouvé refuge dans des squatts solidaires avec le soutien des antifas & anarchistes établis depuis longtemps dans cette poche de résistance établie autour de l’École Polytechnique, d’où était partie le mouvement qui mit fin au règne des militaires.

On ne peut pas passer à côté de la situation en Grèce, tout comme on ne peut passer sous silence certaines des révoltes un peu partout dans le monde. Elles sont le symptôme d'un éveil face au système de l'argent, nommé capitalisme. Elles sont aussi le signe d'une volonté de vivre, et ce en dehors de la soumission aux valeurs matérialistes imposées par ce système.
Alors nous pouvons aussi observer ce qui se passe chez nos voisins, et soutenir avec ardeur leur détermination. Mais aussi reproduire localement, ces savoirs faire, qui pourraient bien faire naître un monde plus "désirable"!

N.A.

Yannis Youlountas avec Eleftheria Giamaki, Despina Markopoulou Katerina Trigka et Mimi A Feline.

EXARCHEIA, MON AMOUR !

"Bonjour à celles et ceux qui se lèvent. Hier, une rumeur insistante évoquait une possible évacuation du squat Notara 26 pour ce lundi matin, une semaine exactement après l'évacuation de Spirou Trikoupi 17.

Alors, je suis venu, bien que je n'étais pas de garde. Je suis venu par solidarité pour le lieu et pour celles et ceux qui y vivent. Je suis venu également pour partager la responsabilité en cas d'arrestation. Mais je suis venu aussi par amour.

Nos lieux sont des histoires, des histoires de luttes, des histoires de vie, des histoires d'amour. Venir passer la nuit entière, quand on n'a pas dormi depuis deux jours, c'est une manière de dire je t'aime.

Exarcheia n'a jamais compris la différence entre le jour et la nuit. Mais l'État veut absolument lui apprendre. Le gouvernement l'a décidé et croit pouvoir l'imposer. C'est peine perdue. Exarcheia ne se laissera pas domestiquer, régler, conditionner. Exarcheia ne marchera pas au pas, ni sur le cadran de la montre, ni sous les injonctions du pouvoir.

Ici, nous faisons tout à l'envers, nous vivons intensément comme si la mort allait nous rattraper et nous ne basculons dans le sommeil que par épuisement. À mes côtés sur la photo, EleftheriaDespina et Mimi ont également fait la totalité de la nuit. Idem pour la plupart des autres : résident.es et solidaires qui ne sont pas sur la photo et qui ont veillé sur le lieu et le sommeil des dizaines de familles dormant au-dessus.

Chaque heure qui passe est un cadeau. Même les plus difficiles. Alors après avoir gardé le K*Vox hier soir, puis bossé toute la journée d'un endroit à l'autre, puis m'être parfumé de « Lacrymo n°5 » dans les émeutes du crépuscule, j'ai juste fermé les yeux cinq minutes sous la douche puis je suis venu.

Quand on aime, on peine à dire non, à laisser l'autre, à se protéger, se replier, se reposer. On se déplie à nouveau, de tout son long, et on retrouve une improbable énergie qu'on croyait ne plus avoir sitôt l'escalier, la ru eou la porte franchie.

Non, ne pas dormir pour Exarcheia, ce n'est pas se sacrifier, mais juste aimer. Aimer cette idée mise en acte, avec ses succès et ses échecs, ses joies et ses peines, ses forces et ses faiblesses. Aimer les humains qui en sont le cœur, mais aussi les chats du quartier (pas tous noirs), ou encore les adespotes : ces chiens errants qu'on nourrit contrepartie, qui squattent aussi en groupe des abris de fortune et qui vivent résolument sans maître !

Exarcheia mon amour, je t'ai filmée, je t'ai photographiée, je t'ai racontée, je t'ai taguée, je t'ai emporté avec moi dans tous mes voyages avec à chaque fois la crainte de ne pas te revoir.

Qu'importent les menaces que nous lancent tes envahisseurs dans tes rues parfois barrées — cette armée d'occupation qui prétend apporter l'ordre alors qu'elle nous déclare ouvertement la guerre. Qu'importent les coups et les procès qui viendront. Je suis là pour toi et pour l'utopie que tu portes. Je suis là pour que, quoiqu'il arrive, ta mémoire subsiste et tes graines continuent à se répandre aux quatre vents. Je suis là avec d'autres pour te transmettre, chaque jour, les messages de plus en plus nombreux qui nous arrivent du bout du monde pour toi.

Des communiqués de soutien. Des photos d'encouragement. Des lettres d'amour.

Yannis Youlountas

https://www.youtube.com/watch?v=jvCe_YSmqdQ


La police est repérée depuis déjà quelque temps, celle du Net a fait son entrée fracassante.

Chute vertigineuse fin août (et non explicable autrement que par une intervention de Facebook) de la portée des publications de la page Cerveaux non disponibles.

C'est maintenant Nantes Révoltée mais également Le Peuple Uni Liberté j'écris ton nom Humanité, tout simplement ou encore Gilets jaunes 92 qui ont vu leur visibilité chuter. Cela, après une semaine de blackout total pour Cerveaux non disponibles ainsi que Lille Insurgée 𝕭𝖗𝖊𝖙𝖆𝖌𝖓𝖊 𝕹𝖔𝖎𝖗𝖊 ou encore Collectif Auto Média énervé.

Pour mettre en lumière cette censure qui ne dit pas son nom, n'hésitez pas à nous communiquer d'autres pages ayant subies ce type de restrictions. En commentaire ou en mp. Pour les administrateurs des pages, vous pouvez également nous envoyer des screens montrant à quel point votre audience à chuté. Voir aussi l’article de Médiapart : “Facebook anéantit l’audience d’une partie de la gauche radicale”.

Nous essaierons de faire remonter ces infos le plus possible. Avec comme objectif d'avoir un retour clair sur les raisons de ces sanctions de la part de Facebook.

Prétendre que la détestation populaire du bras armé de l'Etat est toute récente est vain et malvenu.

Nous sommes samedi 3 août 2019, et la situation est préoccupante. 
De nombreuses questions se posent. Pourquoi? comment faire ?

L'autoritarisme des puissants est manifeste, et se matérialise par des actes répressifs:

Une police qui rafle aux abords des foyers et des gares, des compagnies aériennes qui déportent, des manifestants qui sont mutilés et soumis à un régime d'exception, soutenus en cela par des médias qui tricotent des excuses et légitiment avec de "bonnes raisons", des citoyens qui partagent leur indignation sur les réseaux sociaux ( les punitions se veulent à leur égard, exemplaires)

Des réseaux sociaux qui ne sont rien d'autre que la police du net, censurant et dénonçant à la police des individus pour qu'ils soient traduits en justice...

Le chemin est semé de petits cailloux noirs, après la privation de diverses libertés telles que celle de manifester c'est la liberté de penser qui est remise en question, mais uniquement pour ceux qui s'opposent et risquent de mettre en péril un système capitaliste bien en place.

Car ne nous leurrons pas, c'est de cela et uniquement de cela dont il s'agit, pourquoi donc sinon?

Intéressons nous plus que jamais aux imbrications internationales, nous qui sommes éveillés, ou Réveillés, au travers des mouvements sociaux qui agitent notre pays. C'est un puzzle dont il est important de repérer les pièces afin d'en comprendre le sens.

Grèce, Hong Kong, Mali, Soudan, Puerto Rico, Palestine, Algérie, et la liste n'est pas exhaustive, tous ces exemples de soulèvements populaires, témoignent de l'urgence de réagir, car c'est bien de réaction dont il s'agit.

Au travers de l'internet, ce formidable outil (qui n'aurait pas dû servir à cela à l'origine, dommage pour eux n'est ce pas?) c'est comme si l'entre-soi, dont rêvent les gouvernements libéraux, car il est un moyen de division féroce, était en voie de disparition.

Les différences de traitement judiciaires des individus sont basées sur un seul critère. Servent ils oui ou non le système?
Si la réponse est oui, la sanction est plus douce, voire inexistante...

Nos morts témoignent de la violence du pouvoir autoritaire, qu'ils soient ou non des "gilets jaunes" n'est pas un critère à retenir en ce qui nous concerne.

Nos prisonniers en témoignent, et à cet égard les exemples sont nombreux, et posent l'éternelle question de l'indépendance de la justice vis à vis du pouvoir.

Des leaders médiatiques des gilets jaunes, mis en garde à vue, en prison, pour des posts sur un réseau social, des militants antifascistes maintenus en détention (pensées à Antonin Bernanos), pour avoir défendu l'anti- fascisme, et beaucoup, beaucoup d'inconnus aussi...

Tous ceux là sont jetés en pâture pour l'exemple, " ne faites pas comme eux, voyez ce qui vous attend"...

https://blogs.mediapart.fr/…/les-trois-cadavres-de-la-macro…

"Du côté des armes employées, entre le 17 novembre 2018 et fin mai 2019 : 19 000 tirs de LBD 40, 5400 tirs de grenades de désencerclement (GMD), 1400 tirs de grenades GLI-F4. Des armes dites sublétales, mais dont on sait qu’elles peuvent être mortelles et dont il faut obtenir l'interdiction (voir ICI). Du côté des victimes, selon le recensement de David Dufresne : deux morts, 24 éborgnés, 5 mains arrachées, 315 blessures à la têtes. 

Fin mai, 2500 gilets jaunes avaient été blessés à des degrés divers et 560 signalements avaient été déposés à l’IGPN (chiffres du ministère de l’Intérieur). Une IGPN qui couvre dans ses rapports toutes les violences de la police, y compris les plus graves. 

A ce jour aucun policier n’a été suspendu, de l’aveu même de la directrice de l’IGPN. A ces chiffres jamais atteints en France dans des actions dites de « maintien de l’ordre », il faut ajouter ceux de la répression judiciaire, même si le ministère de la Justice ne communique que des données partielles et datées : 

du 17 novembre 2018 à fin mars 2019, 2000 condamnations de Gilets jaunes avaient été prononcées, dont 40% avec de la prison ferme (voir l'article de Jérôme Hourdeaux). 800 condamnations à de la prison ferme en 4 mois seulement : une projection vraisemblable permet d’estimer que 1500 condamnations à de la prison ferme pourraient être prononcées d’ici la fin de l'année..."

Aujourd'hui, samedi 3 août 2019, des hommes et des femmes marcheront encore dans les rues qu'ils n'auront finalement pas quitté, depuis des mois. Ils marcheront pour Steve, et nous, nous pensons très fort aussi à Zineb, Adama, Zyed, Bouna, et tous ceux qui n'auront pas survécu à cette machine de guerre implacable.

Nathalie Athina


Sur un mur de Hong Kong : "Le capitalisme c'est de la merde, la République Populaire de Chine est capitaliste !!"


L’Autre Quotidien vous fait suivre désormais l’actualité des luttes sociales en France et dans le monde en collaboration avec la page Facebook Teleia, créée en juin 2019. Teleia c'est le point en grec ! Une page militante, une sorte de média hybride qui refuse la pensée formatée. La communication toute mâchée et consensuelle. Pour combattre sans faille les injustices, les discriminations raciales, sexistes, sociales... Pour faire face à la montée des idéologies fascistes. Pour réfléchir ensemble, loin de toute pensée imposée par les médias. Pour parler de ce qui nous touche, nous révolte aussi. Pour nous entraider en échangeant des idées, en nous mettant en réseau par le partage des actions en temps réel. Parce que c'est par les connexions individuelles et collectives que nous avancerons vers ce monde que nous rêvons ! Un monde meilleur pour chacun et chacune d'entre nous, pour nos enfants et les générations futures