L'AUTRE QUOTIDIEN

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Toulouse nassée, gazée et matraquée comme jamais ! Récit d'une folle escalade dans la répression

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Acte 22 Toulouse : récit de cette folle journée par quelqu'un qui souhaite garder l'anonymat.

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Nous démarrons le défilé à 12h08 de Jean Jaurès en direction de la médiathèque et à 12h15, nous sommes nassés 100 mètres plus loin. Et c'est là que commence une scène de terreur absolue pour des milliers de manifestants pacifistes. Nous avons droit à un gazage démesuré tant et si bien que les manifestants pacifistes effrayés et asphyxiés escaladent les murs des immeubles pour se sauver la vie. La brume irrespirable devenant de plus en plus épaisse, nous défonçons les portes d'un hall d'immeuble pour nous y réfugier. Nous faisons entrer le plus de personnes en détresse possible. Une équipe de médics entre avec nous pour soigner les gens qui s'effondrent au sol d'asphyxie. Les médics nous avertissent que les forces de l'ordre vont entrer pour nous déloger et nous massacrer. Ils nous font alors prendre conscience que nous sommes dans un piège à rat. A l'extérieur, l'étau se resserre et les combats continuent entre les manifestants apeurés et les forces de l'ordre. Les médics forment une chaîne humaine devant la porte de l'immeuble pour nous protéger et ce qui devait arriver arriva. Les forces de l'ordre dégagent violemment les médics de devant la porte pour tenter de l'enfoncer. Nous sommes environ 200 manifestants cachés (dont des personnes âgées et enfants) dans ce hall d'immeuble. Il faut bien imaginer l'État de terreur absolue dans lequel nous sommes. Nous décidons pour sauver notre vie de bloquer les portes. Et comme dans une guerre médiévale, nous poussons de toutes nos forces pour retenir les portes qui bougent sous les coups des forces de l'ordre. Je suis contre la porte et les gens ont si peur et poussent si fort que je suis littéralement écrasé. C'est alors que les forces de l'ordre sont prises à partie dans la rue (jet de pavés) elles se remettent en formation pour avancer sur les manifestants. Ce faisant ils libèrent notre porte et nous en profitons pour fuir dans leur dos. La plus grosse peur de ma vie mais depuis le début du mouvement je dis ça chaque semaine. Faut dire que la violence monte d'un cran à chaque fois.

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Nous sommes ensuite dispersés à plusieurs reprises dans la capitale occitane et croisons des gilets jaunes blessés mais je vous passe les détails pour me concentrer sur ce qui m'a le plus choqué, car certes il y a eu des violences du côté des manifestants, mais cela se comprend tout à fait au vu du traitement infligé par les forces de l'ordre en début de manifestation. J'ai eu tellement peur à plusieurs reprises depuis ces 5 mois de Manif que je décide de rester â l'écart du cortège pour ne pas prendre de risque tout en restant présent par solidarité. Soudain vers 17 heures, le cortège se trouve sur les boulevard et je suis avec 8 manifestants dans une petite rue derrière Jeanne d'Arc. Six estafettes de la police nationale s'engagent dans la ruelle, et naturellement effrayés, nous pressons le pas. Les estafettes s'arrêtent brutalement à notre niveau et une quantité incroyable de flics en sortent matraque à la main. Impossible de fuir. Ils nous ordonnent brutalement en nous menaçant de leurs matraques de nous aligner le long du mur. Ils nous ordonnent de vider nos poches. Nous le faisons sans opposer de résistance. Ils nous demandent ensuite, toujours aussi autoritaires, d'enlever le haut et de baisser nos pantalons (garçons et filles) ! Une véritable honte ! Pour ma part je n'avais rien sur moi mais les autres avaient des masques à gaz et des lunettes de ski. Tous les masques et lunettes ont étés cassés sous les pieds des policiers ou sous les roues de l'Estafette. Un des manifestants a fait un commentaire sur les méthodes employées par la police et c'est alors que les policiers se sont mis à nous insulter en nous tutoyant et en nous disant qu'on faisait chier tout le monde et que si des gens nous tiraient dessus ce serait bien mérité et j'en passe des meilleures. Les policiers ont alors été appellés par talkie walkie et nous ont laissés là ! Les manifestants qui étaient avec moi étaient de Montpellier et Marseille et m'ont dit qu'ils n'avaient jamais vu pareil comportement. Pour ma part, étant pacifiste, je ne me suis jamais senti autant humilié. Une véritable honte ! Jusqu'à quel point vont-ils nous soumettre ?

Je reste pour l'instant pacifiste dans le comportement mais il n'y a pas plus insurgé que moi dans ma tête ! Que cherchent ils ? Est ce que selon eux cela résout quelque chose de violenter et d'humilier les gens ? Ils pourront nous frapper, nous humilier, nous traiter comme du bétail tant qu'ils voudront mais ils ne nous écraseront jamais ! Notre lutte dépasse tout et dans vingt ans ces gens-là nous remercieront et auront certainement honte d'avoir agi de la sorte! Irréductibles et réfractaires nous le sommes, et désormais tout ceci est allé trop loin pour arrêter. Gloire et honneur aux gilets jaunes ! Notre raison de vivre : Aouh Aouh Aouh !

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