L'AUTRE QUOTIDIEN

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Gilets jaunes, écoutez le cri du cœur des banlieues !

Une "lettre ouverte" trouvée comme ça, fortuitement, au détour d'un réseau social. Les gilets jaunes, un mouvement unique, hétérogène, original dans sa forme et dans sa stratégie d'action, on le savait déjà... Les réseaux sociaux ne sont pas que le lieu de la censure, mais aussi celui du débat d'idées, et parfois, quand on tombe sur ce genre de cri du coeur, on a envie de le partager. Spontanéité, justesse et sincérité. les Gilets jaunes, c'est Fernand, Julien, Mamadou, Mustapha, et Martine. Et peu à peu, les lignes bougent, en tout cas, c'est ce qu'on a envie de croire, très fort.
L’AQ

Depuis des années, j'entends parler mal des banlieues. Que nous sommes des racailles qui ne savent que brûler des voitures et des poubelles. Aujourd'hui ce ne sont plus Mamadou et Mustapha qui courent devant les flics, mais Fernand, Julien, Martine... De vrais "Français" (pour ceux qui pensent que black et beurs ne sont pas Français, hein..). Je me demande alors, ça vous fait quoi du coup ? Puisque pour moi, la vraie différence entre émeute de banlieue et manifestation des gilets jaune le samedi, c'est qu'en banlieue, on a pour habitude de ne pas se laisser faire. Ah oui c'est sûr, vous ne retenez que les jets de cocktails Molotov dont les images sont copieusement balancées aux infos par toutes les chaînes de propagande aux heures des repas. Cet effet a si bien fonctionné que pendant des années, les gens nous ont chié dessus. Et lorsqu’aujourd'hui le même processus vous touche, tout ce que vous savez faire dans l'instant, c'est filmer. La vache, je ne savais pas qu'il y avait autant de journalistes en France.

Quoi, vous avez peur de l'inculpation pour violence sur personne dépositaire de l'autorité publique ? Si vous étiez tous de concert, des images il n'y en aurait peu ou pas, et les flics sentiraient une bonne fois pour toutes que cela deviendrait chaud pour eux, il serait évidemment beaucoup plus compliqué d'isoler un individu afin de l'appréhender et l'inculper de ce chef. Or au lieu de cela, Fernand, Julien et Martine se font frapper violemment, humilier dans vos vidéos, sans que personne ne bouge, une forme de non-assistance à personne en danger. Je me demande alors ce qui me révolte le plus : le CRS qui peuchère ne bénéficie que d'une moyenne aux alentours de 18 de Q.I. et qui agit bêtement en suivant les ordres souvent donnés par des gens tout aussi bêtes, ou les citoyens qui se disent intelligents sur les réseaux sociaux, mais dont on ne voit jamais l'œuvre une fois sur le terrain ?

La force, c'est le nombre m'a-t-on dit. Il semblerait que la personne pleine de sagesse à l'origine de ces paroles ne vivait pas en France en 2019. Alors, j'aimerais que vous me fassiez mentir et que pour une fois, vous lâchiez vos téléphones afin de venir en manifestation avec uniquement la hargne qui caractérisait le début du mouvement. Et ceux qui condamnent la violence, corrigez-moi si je me trompe, mais une riposte en temps réel et sur place s'appelle pour moi se défendre. Tout être humain a le droit de se défendre face à l'oppression policière grandissante dans ce pays suite aux actions gouvernementales visant, entre autres, à supprimer une à une les libertés que nos aïeux ont durement gagné. Vingt actes de pacifisme, il faut vraiment être maso pour vouloir un vingt-et-unième acte à l'identique. Certains parlent de mai 68, mais à mon avis n'ont que peu de culture sur le sujet. D'autres parlent de révolution, mais que je sache, aucune ne s'est faite avec des bisous. Ah évidemment il y aura de la casse, mais il y a déjà eu des morts parmi les gilets jaunes. Aucun bien matériel ne vaut une vie. Les morts et mutilés depuis le mois de novembre 2018 n'ont pas bénéficié d'autant de considération que le Fouquet's, voire pas du tout.

Alors, indignez-vous, mais passez-moi l'expression, avec du COURAGE. Formez des barrières, des chaînes humaines afin d'empêcher l'un des nôtres de se faire isoler et de subir la violence de la police. Ils ont un sentiment de supériorité lorsqu'ils sont en nombre, car comme nous ce sont des êtres humains, mais à leur tour isolés et face à la colère du peuple, qu'adviendra-t-il de leur assurance ? Ils se mettront à courir eux aussi avec la pensée soudaine qu'ils ne sont pas non plus invulnérables. Sinon, ne vous plaignez pas si plus tard des gens des terres minées relèvent le défi par la force et viennent à grands coups de massue défoncer le système en commençant par ceux qui le représentent. Je pourrais débattre des heures sur le sujet, mais je pense avoir dit l'essentiel. Juste une dernière chose : ce pays, j'espère qu'aujourd'hui tout le monde s'en rend compte, appartient autant à Fernand, Julien et Martine qu’à Mamadou et Mustapha. Si l'on n'est pas unis tous ensemble face à la violence, la violence va nous isoler et faire de nous ses victimes chacun à notre tour.

Fabien Cachan