L'AUTRE QUOTIDIEN

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Pride de nuit : Macron et toutes les raisons que nous avons de manifester ce soir

Les Marches des fiertés célèbrent les émeutes de Stonewall lors desquelles des homosexuel-les et des personnes trans s’opposèrent aux violences policières dont elles étaient victimes du fait de ce qu’elles étaient. Ces émeutes mirent en valeur ce que l’institution produisait d’homophobie, de transphobie, de sexisme mais aussi de racisme.

Pour la troisième année consécutive, la Pride de nuit renoue avec cet héritage. Le texte d’appel, n’a pas besoin d’être commenté. Je rajouterai quelques éléments du contexte récent.

Mercredi, trois jours avant la Marche des fiertés, Emmanuel Macron et son premier ministre crachaient à nouveau à la figure des militant-es LGBT+ en nommant au gouvernement Jean-Baptiste Lemoyne, soutien de Sens Commun et proche des Veilleurs, ainsi que Jacqueline Gouraut. Le président de la République avait déjà choisi le 17 mai pour annoncer la composition de son premier gouvernement, qui comprenait trois homophobes en plus du Premier ministre. Avec le départ de Bayrou, on compte donc maintenant cinq homophobes dans l’exécutif, un de plus qu’auparavant. Et on n’oublie évidemment pas les députés LGBTI phobes adoubés par le mouvement LREM (voir l’exemple de Vincent Bru à ce lien). On n’oublie pas la Marche des fiertés de Lyon, interdite de centre ville par la préfecture pour satisfaire les milices fascistes que Collomb a laissé prospérer. On n’oublie pas que Macron ne fait rien de concret pour les LGBTI de Tchétchénie et d’ailleurs, qu’au contraire il pourrit encore plus la vie des migrant-es et des réfugié-es.

Comment s’imaginer qu’on puisse combattre l’homophobie en la récompensant ? C’est impossible. Les témoignages d’homophobie – comme l’arrachage systématique des affiches du festival Loud and Proud ou cette récente agression – ne risquent pas de diminuer quand le président de la République prouve par ces actes que traiter les homosexuel-les en inférieur-es, leur refuser le statut de citoyen-nes à part entière en les privant de l’égalité, vouloir leur éradication de l’espace public, ne pose aucun problème, puisqu’on peut devenir membre de son gouvernement ou député-e de sa majorité.

Macron a banalisé le racisme le plus crasse. Affamer et assoiffer les migrant-es, laisser tranquilles les groupes racistes qui peuvent sans souci annoncer qu’ils vont mener des actions terroristes de piraterie contre le sauvetage de migrants en mer sans être inquiété-es par l’État, récompenser par un poste de député des élu-es qui ont soutenu la mesure du FN de déchéance de la nationalité, adouber une parlementaire dont le rêve affiché est d’écraser des musulman-es : voilà quelques exemples du « barrage au FN » promis par Macon quand il était face à Le Pen.

L’Inter-LGBT soutient la présence d’un char d’En Marche à la manifestation qu’elle organise samedi. Comment l’expliquer ? Comment expliquer qu’un mouvement comme l’Inter-LGBT participe à une telle instrumentalisation de nos luttes ? Déjà, sur les réseaux sociaux, des cis gays macronistes expliquent qu’en fait s’opposer à l’ouverture du mariage, c’est pas si grave, que la PMA, c’est pas si urgent – et ne disent évidemment rien pour les droits des trans. C’est ça, leur fierté ?

Jérôme MartinAncien militant d' Act Up-Paris, j'analyse dans trois blogs différents les discours de haine qui nous infériorisent, les enjeux de la lutte contre le sida et notamment des PrEP.