L'AUTRE QUOTIDIEN

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Vu de Viborg City #5, par Sébastien Doubinsky

Un des problèmes majeurs que dévoile cette campagne présidentielle qui ressemble de plus en plus à celle de 1848, avec cette gauche divisée en “radicaux” et “libéraux”, et cette droite qui hésite entre “Orléanisme” et “légitimisme”, est l’impossibilité de parler du réel.

Caricature de Ronald Reagan par Jeff Bell

Or le réel, c’est avant tout l’économique, pris dans sa définition la plus précise: comment fonctionne et se répartit l’argent dans les couches de la société. Il semblerait que les débats tournent le plus souvent à vide, et ce, pour deux raisons: premièrement, l’impossibilité pour la vraie gauche de nommer réellement le système économique qui nous régit, et deuxièmement l’art de la dissimulation magistralement développé par la fausse gauche, la droite et leurs (très nombreux) soutiens médiatiques. Ce problème est profond et nous mine depuis Reagan, Thatcher et plus tard, pour le malheur des socialistes, Tony Blair. C’est le “coup du magicien” suprême de faire passer le capitalisme pour un libéralisme. C’est le jeu de mot qui a tué la gauche et renforcé la droite. Le libéralisme, c’est les lendemains qui chantent du Stalinisme. C’est un mot historique (Adam Smith) qu’on associe à 1776 et 1789, et qui sert de cheval de troie sémantique pour une tout autre réalité. Si la gauche veut vraiment changer l’état des choses sociales et repenser une autre construction, il faut qu’elle détruise l’illusion qui l’a immobilisée pendant trop lontemps. Or, ce moyen est simple comme un conte de fée, où le héros ou l’héroïne triomphe du monstre car il ou elle connaît son nom secret - et dans ce cas, au lieu de parler de “libéralisme” et d’ “ultralibéralisme”, disons tout simplement “capitalisme” et “ultracapitalisme”. Les choses seront tout d’un coup beaucoup plus claires et un véritable discours réformiste, voire même révolutionnaire, pourra enfin prendre forme efficacement.
 
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N’oubliez pas de vérifier vos informations: le Big Media reste le Big Media.
 
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Une sixième république, oui, pourquoi pas? Mais seulement si le judiciaire est totalement coupé de l’exécutif. Sinon, c’est beaucoup de bruit pour rien. Comme toujours.
 
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Avec le Brexit qui se rapproche, on a un peu l’impression d’assister au départ du Titanic en connaissant déjà la fin.

Sébastien Doubinsky le 27/03/17
 

Bilingue, Sébastien Doubinsky écrit en français et en anglais. Il a publié des romans et des recueils de poésie en France, en Angleterre et aux USA. Il vit actuellement à Aarhus, au Danemark, avec sa femme et ses deux enfants. Il ne se cache pas d'être écrivain & anarchiste (il aurait bien tort), et tient un blog : "a view from Babylon". Nous l'accueillons parmi nos chroniqueurs.