Dans un long article à la gloire de Benoît Hamon, Toni Negri écrit: : "Le revenu universel décent et inconditionné ne représente donc pas seulement un objectif : il est aussi et surtout une arme, pour redonner vie à une force communiste. La formulation qu’Hamon a donné à sa proposition semble orientée en ce sens. Et il est impressionnant qu’elle vienne d’un socialiste, parce qu’une telle proposition est une tentative pour refonder la politique au-delà du travail, contre le travail. C’est-à-dire pour dépasser ce qui constituait pourtant l’ontologie même du socialisme depuis plus d’un siècle."

Hamon ouvrant la voie au communisme! 

Dans l’avant-dernier numéro de Lundi matin, à propos d’un jeune négriste qui voulait donner au mouvement du printemps dernier contre la loi « Travaille ! » la perspective de la revendication d’un revenu universel, j’écrivais : « Son avenir semble tout tracé, il pourra finir comme quelques-uns de ses prédécesseurs négristes dans la peau d’un conseiller du prince qui glissera à l’oreille des gouvernants que peut-être, on pourrait augmenter un peu la misère octroyée aux citoyens en échange de leur participation non-payée à la production de valeur par l’ensemble de la société – en échange de l’exploitation de tout ce qui fait leur vie, leurs activités sociales et leurs relations humaines, leur imaginaire et leur attention. » Je n’imaginais pas que ma prédiction s’appliquerait d’abord, non pas au disciple mais au maître lui-même.

La vieille politique avec laquelle Toni Negri se démène pour pouvoir couler est parvenue à un tel point de décomposition qu’on ne serait pas étonné, si Hamon était élu (oui je sais l’hypothèse est risible), de le voir accepter un Secrétariat d’Etat au General Intellect et au Prolétariat Cognitif et vu les personnages dont son nouveau héros ne veut pas se séparer, il pourrait rejoindre à la table du conseil des ministres Valls, à l’Intérieur pour la vie et El Khomry aux Relations patronales…

Serge Quadruppani

Essayiste, traducteur et éditeur littéraire libertaire français, auteur de romans policiers et traducteur de la série des Commissaire Montalbano d'Andrea Camilleri, Serge Quadruppani tient un blog où il s'exprime sur l'actualité "en attendant que la fureur prolétarienne balaie le vieux monde" : Les contrées magnifiques.