L'AUTRE QUOTIDIEN

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Lettres de Cedric Herrou et de sa mère au procureur de la République

Lettre de Cedric Herrou

Monsieur le procureur,
vous avez fait pleurer ma mère, mon père
vous avez arrêté mon frère, une amie, 
Vous nous avez mis sous les verrous, traités comme des chiens, des malfrats.
Vous avez ordonné à une trentaine de gardes mobiles, armes aux poings, d'entrer sur mes terres, prendre ces trois enfants sans parents, qui attendent chez moi, depuis plus d'un mois d être pris en charge par l'Aide Sociale à l'Enfance.
Ces enfants ont connu la guerre, la torture, l'esclavagisme
Ces enfants que je protège
Ces enfants qui m'ont donné leur confiance.
Vous avez au nom de votre France, violé les droits de l 'enfant !
Ils attendaient sécurité de la part de notre pays !
Vous me savez sensible aux personnes que j aide, aux personnes que j'aime.
Vous savez que ma liberté ne s'arrêtera pas aux barreaux de vos prisons et vous tapez là où ça fait mal !!! 
Sachez Monsieur le Procureur que je resterai fidèle à mes convictions, que ma France, que notre France, continuera à défendre les droits des hommes, des femmes, des enfants présents sur le sol français au nom de nos valeurs qui fondent la république française.
Ne pensez pas que je suis seul, nous sommes des milliers des millions!
Chacun son métier, le mien c'est agriculteur, le votre c est de faire respecter la loi. Loi qui protège et fait que le vivre ensemble soit la règle primordiale à notre démocratie
Vive notre France
et .....celle que que tu représentes.

Cédric Herrou, le 21 janvier 2017


Lettre de la mère de Cedric Herrou

Monsieur le Procureur, je vous fais une lettre...

Je suis la mère de celui contre lequel vous vous acharnez . Ma grand-mère paternelle a elle aussi, en 1918 passé la frontière d'Italie à pied, par les montagnes elle a perdu le bébé qu'elle portait au cours de ce périple, (peut être a-t-elle croisé à ce moment là les grands mères de messieurs Ciotti et Estrosi, qui sait ?) elle s'est louée telle une bête de somme pour tirer les "charetons" je me souviens d'elle avec la lanière de cuir qui lui barrait le torse ... Ma mère quant à elle était allemande, ma sœur est née dans les geôles de la Gestapo, elles ont été toutes deux libérées par les Américains. C'est ce sang là qui coule pour moitié dans les veines de mes deux fils que vous avez fait arrêté jeudi, l'autre moitié étant du pur sang de Bretagne... c'est têtu un Breton, et ça n'a pas peur des tempêtes .

S'ils ne sont pas Français « de souche » (c'est ce qui reste d'un arbre mort,non ?) ils ont des racines profondes et vivantes dans ce pays qui est le leur et qu'ils aiment .

Pour que vous compreniez ...nous avons été « famille d'accueil pendant 25 ans. Cedric avait 5 ans, Morgan 7, quand les premiers enfants sont arrivés. Ils ont partagé leurs jouets, leur table, leur maison, leurs parents avec 15 enfants délaissés, de toutes origines, certains battus, violés …..
Alors quand Cedric vous dit que ces enfants qu'il voit sur nos chemins et nos routes de la Roya , ce sont ses frères et ses sœurs, il ne vous ment pas . Et quand il interpelle si fort les services de l'ASE, c'est qu'il en connait les rouages .

Nous avons quatre enfants puisque ils ont accepté d'intégrer deux de ces enfants à leur famille, ce sont leur sœur et leur frère à présent et nous en sommes très fiers !

Voilà monsieur le Procureur, et tous ceux qui le traitent de passeur , de trafiquant d'êtres humains et de voleur voilà à qui vous avez à faire .

Avec tout mon respect
Mama Herrou