L'AUTRE QUOTIDIEN

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Coopaname : auto-entrepreneurs de tous les métiers, unissez-vous !

Inciter des individus, notamment s’ils sont privés d’emploi, à vouloir « se mettre à leur compte » est non seulement une posture constante de la part des politiques publiques depuis quinze ans, mais aussi une « évidence » unanimement reconnue, dont personne ne met en doute la pertinence économique. Pourtant, aucune étude n’est venue vérifier son efficacité. À y regarder de plus près pourtant, la microscopisation de l’entrepreneuriat aboutit à une équation cruelle : micro-entreprise + micro-crédit = micro-revenu + micro-protection sociale. Face à ce processus, des personnes tentent la construction d’un modèle alternatif : la mutuelle de travail. En regroupant des auto-entrepreneurs, le collectif peut permettre à l’individu de s’émanciper. Une renaissance à l'ère du digital et du précariat des Bourses du Travail et des mutuelles libertaires du début du mouvement ouvrier ?

Issue du mouvement des coopératives d’activités et d’emploi, la mutuelle de travail est une entreprise coopérative dans laquelle des professionnels se protègent mutuellement leurs parcours professionnels. Au-delà, c’est une réflexion sur l’économie qui est mise en pratique : comment réinventer l’entreprise afin qu’elle soit un outil démocratique d’épanouissement, de socialisation, d’émancipation, au service des aspirations de chacun ?

Créée en 2004, Coopaname rassemble à ce jour près de 850 personnes, artisans, free lance et prestataires de services, à divers stades de développement des activités économiques qu’elles animent, seules ou en groupes de coopération.

Coopaname, kezako ?

Coopaname est une coopérative ouvrière et œuvrière issue du mouvement des coopératives d’activités et d’emploi. Multi-activité et ouverte, Coopaname propose à tout travailleur et toute travailleuse, qu’elle soit graphiste ou rempailleur de chaises, consultante ou e-commerçant, développeur informatique ou magicienne, d’intégrer librement la coopérative, d’y apporter son savoir-faire et d’y développer, de manière autonome, une activité économique qui lui permettra de s’y salarier et d’y bénéficier d’une protection sociale. En d’autres termes, un cadre collectif où chercher ensemble les moyens de vivre décemment de ce qu’on aime et sait faire au rythme qui nous convient.

Rejeter l’entrepreneuriat individuel

Refusant l’idée que la coopérative serait un simple sas avant l’entreprise individuelle, Coopaname a vite adopté un positionnement critique de ce mode d’entrepreneuriat pour parvenir à un projet clair qui s’ancre profondément dans l’histoire de la coopération, assume sa dimension politique et sa démarche expérimentale.

Inventer un autre rapport au travail

Ensemble, coopanamiennes et coopanamiens construisent une entreprise commune, démocratique et exigeante, pour se donner davantage de protections collectives (droit du travail, formation professionnelle, mutualisation des risques, solidarités sociales) et de potentialités de coopération. Toutes choses qui leur permettent d’exercer leur(s) métier(s) dans de bonnes conditions économiques, sociales, éthiques.

Ni dépendants, ni indépendants, les coopérateurs et coopératrices inventent au quotidien un cadre original où le rapport au travail est fondé sur un lien social et non sur un lien de subordination ou un rapport commercial. Ce cadre trace les contours d’une nouvelle forme d’organisation : la « mutualité de travail ».

“Ce que défendent les CAE au travers de l’idée de mutuelle de travail, ce n’est pas tant le salariat (qui n’est qu’un outil) que le tissu de solidarités sociales et professionnelles que 150 années de progrès social étaient parvenues à réguler, et que le capitalisme financier autant que l’Etat libéral contribuent à détricoter.”

— Extrait de Nathalie Delvolvé, Stéphane Veyer, « De la coopérative d’activités et d’emploi à la mutuelle de travail : produire du droit pour accompagner un projet politique d’économie sociale », juin 2009.

Ce qui nous intéresse, c’est le travail :

  • Comment permettre à chacun de vivre décemment de ce qu’il aime et sait faire au rythme qui lui convient ?
  • Comment redonner sens et noblesse au travail et surtout au métier ?

C’est la raison pour laquelle nous revendiquons pleinement le terme ouvrier caché derrière le O de notre Scop. Parce que, étymologiquement, l’ouvrier est celui qui “fait avec habileté un travail”, possède un savoir-faire et le met pleinement en œuvre.

Ce que nous voulons, c’est :

  • faire ce que l’on aime, au rythme choisi, avec qui on apprécie, dans un cadre mutualisé et solidaire ;
  • ne plus subir mais décider, en devenant associé de l’entreprise qui est notre outil de travail partagé.

Co-construire une mutuelle de travail associé : Bigre!

Au-delà de la diversité de nos métiers, notre fil conducteur commun pourrait se résumer ainsi : construire et habiter ensemble une organisation économique d’une forme totalement nouvelle qui organise la réciprocité en matière de travail.

C’est ainsi que, en 2014, quatre Scop et une Scic ont décidé de s’unir et de construire une entité commune de 7 000 personnes, présente partout en France au travers de 25 établissements.

Bigre! – tel est son nom – constituera une forme novatrice d’organisation économique et sociale.

La Rédaction