Convocation des héros, par Sébastien Ménard
Des lunes. Des formes dans la nuit. Des herbes humides. Un fleuve. Des mots qu’on
se dit puis qu’on oublie. Des convocations de héros.
ni personne ni bête ni
quoi d’autres vivantes choses ne savent
ou bien ne s’abstiennent du nom des héros
de la forme de leurs corps
l’un d’entre eux déjà
pourrait-il se souvenir seulement
être déjà venu être lui-même
le héros elle-même
l’histoire
ils s’habilleraient dans le noir
et chevaucheraient quoi sinon leurs rêves voilà
des bêtes à chevaucher des illusions
ils courent ils courent
les héros en collant cape et bottes si tu veux
peut-être bien s’étaient-ils dit
des choses pareilles ou des choses différentes
ils creuseraient un tunnel à faire déboucher
des ombres
ils couperaient le barbelé des frontières des barrières
ils tagueraient les murs en béton dynamite à poème ils
je dis ils ce serait elles
forcément
mettraient leurs masques tendres nus bêtes à poil
peut-être
et de leurs yeux caresseraient des silences
tout leur monde les héros sauraient
la façon de les arpenter ce seraient comme des sauvages
à manière de remuer des nuits enfin
ils diraient à voix haute
ce qui doit être dit
à voix haute
ils diraient sans trembler
ce qui les fait trembler
ils n’auraient plus peur de rien surtout pas
des plaines de l’est des montagnes de l’est
des rivières de l’est des récits de l’est
de leur tendresse de l’est et d’infini de l’est qu’importe notre
Est lointain tout proche ou d’ailleurs ou bien autre chose
ils s’en accommodent comme on dit les héros ils jouent d’un instrument
ils se taisent longtemps ils se serrent les uns les autres et tous et
tous c’est vraiment n’importe quoi dis-tu
c’est une histoire de l’est et si tu serres fort les yeux
si tu fermes un peu les poings
et si tu te concentres un peu tu verras tout est déjà là
tout à commencé
Sébastien Ménard
Sébastien Ménard écrit en continu sur le site diafragm.net. Vous pouvez également le retrouver sur Twitter @SebMenard. Et découvrir le livre Soleil gasoil aux éditions publie.net