L'AUTRE QUOTIDIEN

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Lettre ouverte d’une mère en colère !

Pour que cesse l’odieuse rhétorique des "casseurs".
Contre l’escalade exponentielle de la répression policière. Pour une solidarité intergénérationnelle.

Ils/elles sont casqués, le poing levé, masque à gaz sur le nez, souvent vêtus de noir, le cœur plein de vaillance, il-les marchent dans les rues et crient leur défiance aux puissants de ce monde.

Ils/elles sont nos enfants qui se dressent, serrés les uns contre les autres en une vague vivante, mouvante, émouvante, déferlante d’espoir, à l’assaut d’un système, effrayante machine programmée pour détruire et lancée vers le pire. 
Ils/elles refusent d’être moutons broyés sous l’éteignoir, s’écartent du chemin qui mène à l’abattoir, lucides et courageux ils tendent le miroir à ce monde si obscène, assassin, insensé qui les mène au mouroir. 

Ils/elles sont l’armée des justes, ils marchent le front haut, et si seuls ils ont peur, ensemble il-les sont plus forts, leurs cœurs en un seul chœur dans un cri de guerrier osent rendre les coups qui leur sont infligés, œil pour œil, dent pour dent, en avant !
Tous debouts ! Ahou ! Ahou ! Ahou !

Leur violence se défend, elle n’est que la réponse inévitable, légitime à une répression aveugle, brutale, indigne et sans pitié, qui jouit sans limite de son impunité. 
Elle est le seul et le dernier recours des opprimés face à l’acharnement démesuré des oppresseurs arrogants et imbus de leur pouvoir. 
Ciblée elle s’en prend aux symboles, lance des pierres dans les rouages, la rage en étendard, c’est l’heure des représailles, elle rend la pareille, enraye la bien-pensance. 
Réactive violence, retour à l’envoyeur, au nom d’un avenir meilleur. 
Les pavés dans la mare putride où règnent sans partage profit, mensonge, corruption, injustice et manipulation.

Et tous ces scélérats de politiques relayés par les médias soumis sous-fifres, au travers des écrans hypnotiques partout distillent le poison médiatique.
Ils condamnent, sans honte et sans scrupule, ils attribuent la faute à la jeunesse qu’ils acculent, qu’ils sabotent, et qui ose crier NON ! sous leur botte. 
Ils piétinent, ils rudoient, ils désignent les coupables, ils incriminent ceux qui ont choisi d’être libres, de détruire à main nue les murs qui obstruent l’avenir, ceux qui ont le cœur pur, sans compromis, sans concession, les insoumis.
Ils les accusent d’être la cause du mal, alors qu’ils n’en sont que la conséquence, le retour de bâton sur leur système à bout de souffle. 
Ils abusent à outrance du vice bien huilé de l’odieuse rhétorique :
"Oyez oyez braves gens, c’est le journal de 20 heures, ayez peur des "casseurs" à cagoule qui vandalisent, qui saccagent et mettent en péril votre sécurité.
Soyez sûrs de notre fermeté, les matraques bien méritées auront raison de ces quelques agités qui osent défier notre autorité..."

A grand coup de propagande, sans remord sans conscience, ils discréditent, ils criminalisent, ils minimisent... 
Quelques fauteurs de troubles, quelques "casseurs" en marge, et pourtant c’est bien là la jeunesse debout, la nuit, le jour, en lutte, en révolte, en masse, qui les montre du doigt et marche vers leur trône.

Alors ils tremblent là-haut dans leur tour d’ivoire, dépassés, apeurés, noyés dans l’impuissance à contrôler l’insurrection qui danse, saine, enthousiaste, primitive, organisée, solidaire et déterminée. 
Alors cachés derrière leurs forces de l’ordre, ils gazent, ils matraquent, ils frappent de plus en plus fort, ils blessent, ils mutilent, ils humilient, ils emprisonnent, ils interdisent, ils divisent, ils mentent, ils trichent...

Mais toutes leurs pitoyables et ignobles tentatives pour imposer, bâillonner, museler, interdire, soumettre, contraindre, écraser, ne font qu’attiser le feu de la colère, la faim de liberté. 
L’espoir gonfle les cœurs, la joie grandit dans la solidarité et la camaraderie, la peur recule, la force croît...

De plus en plus nombreux sont ceux qui ouvrent les yeux et les rejoignent en tête de cortège, parce que, par leur révolte ils nous ont transmis le frisson de l’espérance, plutôt que la passive impuissance, ils ont ouvert le possible d’agir, plutôt que de subir. 
Ils nous montrent l’exemple, nous redonnent l’envie d’être ensemble, d’être en vie, de s’exprimer, d’écrire sur les murs, de crier, de construire ce demain qui nous appartient.

Je suis une mère, et tous ces jeunes gens pourraient être mes enfants.
Mon cœur est auprès d’eux, je saigne de leurs blessures, je pleure de tristesse, de rage, de dégoût devant les chiffres aberrants des interpellations, des condamnations, devant la violence de la répression qui s’amplifie un peu plus chaque jour.
Je tremble bien souvent à l’idée d’un pire encore qui peut venir...

Je ne sais pas si la prochaine manifestation aura lieu. Si elle sera interdite ou parquée dans un ridicule manège contrôlé.
Mais il y en aura d’autres... C’est inévitable... C’est nécessaire, et de toute évidence la jeunesse l’a compris et a choisi de poursuivre la lutte hors des sentiers balisés. 
Sauvage, incontrôlable, ingouvernable...

Alors j’en appelle à vous tous, mères et pères car c’est le nombre qui fait la force !

Soyons à leur côté, dans le cortège noir, solidaires mais distincts, habillons nous de blanc, maculons nous du sang déjà versé. 
Posons un acte fort et symbolique.
Descendons dans la rue, par dizaine, par centaines, par milliers, envoyons un message au monde entier. 
Portons haut nos pancartes et nos cris de colère, notre amour et crions notre envie, nous aussi, de lendemains qui chantent. 
Affichons nous en anges protecteurs, prouvons que nos enfants ne sont ni les casseurs ni les diables dangereux qu’on désigne en coupables. 
Ne les laissons pas seuls au front de ce combat qui nous concerne tous, ne les laissons pas seuls, en pâture livrés aux vautours de cette société, aux bourreaux des forces agressives lancées à toute allure dans l’escalade répressive. 
Ouvrons nos bras, nos cœurs, offrons leur le soutien, la confiance, soyons à leur côté !
Portons la parole qui sauve contre celle qui tue, contre ceux qui accusent celui qui est victime, contre ceux qui nous poussent aux portes de l’abîme....

Une mère d’un des insoumi-se-s.