L'AUTRE QUOTIDIEN

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Le scandale de l'exploitation des enfants syriens en Turquie, par Kedistan

En ratifiant la convention n° 182 de l’Organisation Internationale du Travail, les pays signataires se sont engagés à agir immédiatement pour interdire et éliminer les pires formes de travail des enfants. Cette convention avait été la plus rapidement ratifiée de l’histoire de l’OIT depuis sa création en 1919. Parallèlement, la convention n° 138 de l’OIT a également été ratifiée par un nombre croissant de pays. Son objectif de long terme est d’obtenir l’abolition effective du travail des enfants. Au niveau des signatures, la mobilisation contre le travail des enfants ne cesse donc d’augmenter, mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres et le travail des enfants reste une réalité quotidienne dans de nombreux pays ! 

Népal

Les chiffres montrent que « l’esclavage » n’a pas disparu, puisque des millions de jeunes sont asservis ou sont forcés à travailler. Ces enfants ont souvent beaucoup de problèmes pour obtenir de l’aide, non seulement parce qu’ils sont jeunes, mais aussi parce qu’ils ne possèdent aucun certificat de naissance ou papiers officiels, et qu’ils sont donc « invisibles » aux yeux des autorités. S’y ajoute la qualité de « réfugié » dans des zones du Moyen Orient, et pas des moindres comme la Turquie, ou d’exilé économique, comme en Afrique de l’Ouest.

« Les formes les plus dangereuses de travail des enfants dépassent largement nos estimations précédentes« , s’est alarmée l’OIT.

Si sept enfants sur dix travaillent dans des exploitations agricoles, souvent pour une production locale destinée à leur propre famille, plus de 10 millions (en Asie, au Moyen Orient, en Afrique, en Amérique du Sud) travaillent pour une activité d’exportation, c’est-à-dire, in fine, pour des entreprises occidentales, liées au grand marché financiarisé. Les secteurs les plus exposés à ce genre de pratique sont le textile, la fabrication des tapis, la récolte de tabac ou de cacao à destination des grands groupes internationaux, et, plus étonnant, ce secteur dit « durable » du « capitalisme vert » des productions « exotiques », sous label usurpé de firmes internationales de l’agro alimentaire, épinglées de plus en plus dans des enquêtes documentaires.

Côte d'Ivoire

Le travail des enfants concerne également les pays développés : plusieurs millions d’enfants y travailleraient. Ce phénomène touche surtout l’agriculture aux Etats-Unis, les services à la personne en Grande-Bretagne et le textile et le bâtiment en Europe du Sud…

L’OIT annonçait ce 12 juin : « Cette année, la Journée mondiale contre le travail des enfants – célébrée le 12 juin – est consacrée au travail des enfants dans les chaînes de production. Avec 168 millions d’enfants toujours victimes du travail des enfants, toutes les chaînes de production, de l’agriculture à l’industrie, des services à la construction, courent le risque d’employer des enfants. »

Pour plus d’infos, faites un tour sur le site de l’Organisation Internationale du Travail. Vous y trouverez plusieurs publications concernant notamment la Turquie.

Et en Turquie justement ?

Réfugiés syriens en Turquie

En Turquie, les « accidents de travail » dus aux conditions de sécurité insuffisantes sont considérés et dénoncés par les lanceurs d’alerte et défendeurs des droits des travailleurs comme : « assassinats de travail ». Dans les personnes qui y perdent leur vies, il y a aussi nombre d’enfants travailleurs.

Hier, le 12 juin, jour même de la lutte contre l’exploitation des enfants, Mehmet Bozkurt, un garçon de 13 ans, qui travaillait dans un garage, a été gravement blessé lors de l’explosion d’un baril où les huiles de vidange en déchet étaient récupérées. L’enfant est hospitalisé, son état est critique. Son employeur lui, a été mis en garde à vue, accusé d’exploitation d’enfants. Hélas ce n’est pas un cas exceptionnel.

Le rapport préparé par ISIG (Conseil de Santé et Sécurité des travailleurs) pour le 12 juin, met à jour d’importants constats.

Les employeurs font travailler de millions d’enfants de moins de 15 ans, et hors secteurs autorisés, donc illégalement, et mettent leur vie en danger.

Seulement dans les premiers 5 mois de 2016, 18 enfants travailleurs sont morts et le bilan des dernières 3,5 années se monte à 194 décès. Ces chiffres ne concernent que les cas déclarés, la réalité étant estimée par des organismes concernés bien plus grave.

Ces enfants décédés au travail, étaient exploités principalement dans les secteurs d’agriculture, bâtiment, métallurgie et commerce. L’ISIG attire l’attention sur l’importance de morts d’enfants travaillant dans l’agriculture, et souligne que cela est lié au toujours plus de l’agriculture extensive, par conséquent à la disparition de l’agriculture familiale, et au fait que le travail des femmes et des enfants prend une part importante dans le travail saisonnier.

La cause la plus répandue dans les décès d’enfants travailleurs en Turquie est l’accident de route durant des transports du personnel. Les employeurs, souvent des sous traitants (marchands de main d’oeuvre), remplissent les véhicules bien plus que le nombre de passagers autorisé, par soucis de bénéfice.

Sur 194 enfants décédés au travail, il y avait 31 filles et 163 garçons. Et au moins 2 des enfants avaient seulement 6 ans…

ISIG précise que la ville d’Adana vient en tête, car l’exploitation des enfants dans le secteur de l’agriculture est très répandu dans cette région.

Nouvelle source de main d’oeuvre : les réfugiés

En Turquie l’exploration des enfants a pris une autre dimension avec l’arrivée des réfugiés syriens. En 2013, aucun enfant travailleur réfugié n’avait été enregistré dans les cas de décès. Durant les trois dernières années 19 enfants syriens sont décédés au travail. (5 en 2014, 12 en 2015 et 2 en 2016).

De nombreuses organisations internationales de défense et protection des réfugiés, soulignent qu’une « génération perdue » qui n’a pas suffisamment accès à l’habitation, la nourriture et l’enseignement, est en train de grandir au sein des syriens en Turquie, comme dans d’autres pays.

Nous avions abordé ce sujet dans des articles précédents :
H&M : des enfants syriens travaillent chez nos fournisseurs turcs
Le rêve du petit cireur de chaussures
Le travail forcé des enfants syriens

Ces réalités contredisent totalement les propos des autorités européennes, celles-ci, pour ne pas faire face à leurs responsabilités politiques face à des populations où la xénophobie populiste gangrène les mentalités, considérant la Turquie comme « pays sûr ». A ce titre, elles porteront la responsabilité de « générations paupérisées » qui se retourneront contre la forteresse Europe à moyen terme.

Alors, journée mondiale hypocrite ou pas, la lutte contre l’exploitation de la force de travail, par un système mondialisé basé sur le profit et sa finance, et particulièrement celle des enfants garants d’avenir, c’est tous les jours… Et aujourd’hui, cela passe aussi par la dénonciation incessante des rapports économiques inégaux Nord Sud, des guerres menées au nom de la « démocratie » comme hier elles l’étaient au nom de la « liberté », guerres qui plongent des régions entières dans le chaos, pour la simple garantie de continuer à piller leurs sous sols, et, à l’occasion, d’exploiter leur main d’oeuvre réfugiée.

Nous rendons hommage à ces gosses, en leur redonnant une identité, face à ce monde capitaliste qui les a broyés.

Voici leur noms :

Furkan Ateş, Şahin Aytaç, Mehmet Şeyhan, Selman Mertaslan, Adem Kum, Behlül Ataş, Özcan Gencer, Abdulsamet Eren, Ferhat Ali, Ercan Tuğlu, Halil Berke Aygün, Mahmut Altunsöz, Sefa Doğan Özer, Mendul Meryem, Osman Yardımcı, R.Y., Serhat Bilmez, Ufuk Özcan, İ.D., Aytuğ Kesim, Hekim Casım Nebo, Mazlum Candede, Halil İbrahim Alış, Ömer Faruk Bulut, Bünyamin Buyun, Abdulhamit Taben, Ahmet Taben, Yusuf Kara, Tuba Nur Ekinci, Hayriye Kurt, Eyüp Ağırman, Benal Temurlu, Furkan Öztürk, Ali Çite, Mehmet Bölükbaşı, Sultan El Halil, Burhan Tutak, Ferhat Çalışkan, Furkan Akalın, Ramazan Baş, Bahri Emen, Aziz Mavi, Orhan Aslan, Muhammet Aydemir, Mazlum Turan, İbrahim Kılıçaslan, Ayberk Ayvalık, Serdar Yakar, Abdülkadir İda, Abit Yıldız, Hatice Dayanç, Mustafa Koçer, Burak Kaya, Muhammed Hasan, Yasin Tomaç, Yıldırım Öz, Bahattin İlet, Ali İbrahim, Burak Aslan, İslam Bayat, Abdullah Şeker, Yunus Emre Solmaz, Oğuz Uysal, Aysel Gezici, Mehmet Kizir, Basil Ali, Songül Evran, Salih Sak, Hüseyin Karakaş, Malik Şahingöz, Mustafa Şahingöz, Dersim Hacı, Çağla Yalçın, Recep Kaynak, İbrahim Oturan, Ahmet Toros, Kubilayhan Altınışık, Hacı Ölgen, Enis Kök, Ramazan Gürcan, Didem Öztürk, Veli Can Çelik, Harun Demir, Reşat B., Ferhad Ş., Raid Hasan, Dijle Karakaş, Berkan Altay, Yusuf Toprak, Samır Muhammed, Enes Alkan, Bedirhan Ok, İsmail Gür, Seda Nur Tatar, Çetin Akdoğan, Zehra Alda, Ayşe Alda, Oğuzhan Çalışkan, Emin Halastar, E.P., Nurullah Yeşilyurt, Kübra Yaşatır, Süleyman Sertan Buluş, Nacin Freyş, Hale Çelik, Sedat Yalçın, Furkan Çavuş, Osman Özen, Ali Saltık, Barış Ergin, Yasir Geylani, Ahmet Ataş, Yılmaz İdareci, Hamitcan Aslan, F. Y., Sebahat Ö., İbrahim Can Duran, Resul Yılmaz, Hüseyin Demir, Ali Fırat Belder, Ahmet Güneysu, Seyrani Köstü, Emre Aksüt, Abdul Hakim, Yavuzhan Gemici, Harun Efe, Mehmet Öztürk, Serdar Özdemir, Osman Avcı, İbrahim Bozkurt, Yücel Arı, Hasan Bakdur, Muharrem Dursun, Salih Eroğlu, Orhan Sürer, Gökhan Örüç, Behzat Özen, Pınar Akbaş, Emine Demirel, Eren Erenoğlu, Fırat Sarıçam, Serdar Demir, Faruk Can Güvenç, Sami Kozan, Ali Karkaş, İlhan Yiğit, Faruk Dumlupınar, Vefa Aydemir, Nazar Güvendiren, Mahmut Ateş, Esma Bağcı, Şifa Bağcı, Rabia Cirik, Ayşe Cirik, İbrahim Yavuz, Ş.Ü., Sabri D., Hüseyin Çelik, Yasin Çelik, Muratcan Turan, Ferhat İridağ, Mahir Aytaç, Gökhan Kayalıoğlu, Deniz Esen, Bayram Süzel, Mustafa Tomay, Abdülkerim Karadöl, İbrahim Kara, Ferdi Çakır, Yakup Kartal, Nezir Akgül, Süleyman Kasar, Volkan Özpamuk, Sabahattin Donat, Hüseyin Ceylan, Ökkeş Gögebakan, Salih Dikici, Kübra Şenateş, Kader Yalçın, Oya Korkan, Aslı Oruç, Sülayman Yörük, Soner Karatut, Bayram Yıldız, Yonca Akkuş, Ferit Güler, Mustafa Demirray, Ahmet Yıldız, Serkan Altunay, Murat Güner.

Traductions & rédaction par Kedistan