L'AUTRE QUOTIDIEN

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Réponse aux attaques et mensonges contre la ZAD de Notre Dame des Landes

Normalement, en France, quand on voit un tracteur dans une manifestation, on pense aux malheurs des paysans, "des gens qui se lèvent tôt", et l'opinion publique leur est tellement a priori favorable que le gouvernement laisse faire. Samedi à Nantes, ce sont 400 tracteurs accompagnés de dizaines de milliers de gens qui sont venus manifester contre la reprise absurde des travaux de construction de l'aéroport de Notre Dame des Landes sur des terres cultivables et l'expropriation de paysans. Ce sont encore des paysans avec leurs tracteurs qui ont décidé de bloquer toute la nuit le périphérique, jusqu'à en être délogés très brutalement par les forces de l'ordre. Le préfet continue pourtant à ne parler que de Punks à chiens, d'anarchistes, de rastas pouilleux et autres partisans du retour à la bougie. Voici comment on ne cesse de parler des gens qui s'opposent au projet. Des Punks à chiens conduisaient-ils les tracteurs ? Le nouveau président de région est même allé plus loin en n’hésitant pas à comparer la zad à « Mossoul » ou « Damas », justifiant d'avance toute répression à venir (si la Zad, c'est Daesh, alors c'est la guerre, non ?). Nous trouvons tout cela absurde, mensonger et honteux. Et cela ne suffira pas à faire oublier le succès de la manifestation de samedi. Comme le disent les opposants à l'aéroport et occupants de la Zad dans cette mise au point honnête : "Aussi insistantes que soient ces opérations de propagande, elles ne peuvent masquer la réalité locale et la force du mouvement. Face à ces attaques nous voulons ici rappeler que : la quasi-totalité des habitants des bourgs alentours est fermement opposée au projet d’aéroport." Nous vous suggérons de lire leur réponse au gouvernement et aux média qui amplifient tout problème qui peut surgir dans la ZAD pour déconsidérer un combat légitime.

Quelque 7.200 marcheurs, 1.600 cyclistes et 350 tracteurs, selon la police, 20.000 manifestants et 400 tracteurs selon les organisateurs, ont défilé samedi 09 janvier sur le périphérique de Nantes pour s'opposer à la construction de l'aéroport de Notre Dame des Landes.

Réponse aux attaques et mensonges contre la zad

Depuis quelques jours comme avant chaque grande mobilisation, une petite histoire croustillante visant à stigmatiser le mouvement anti-aéroport, et en particulier les occupants de la zad, est servie aux médias. En l’occurence, une maison en bordure de la zad, malencontreusement squattée brièvement il y a deux ans contre l’avis des ses anciens habitants et laissée vide depuis. Certains s’empressent de la relayer, de l’amplifier à grand coup de généralités mensongères et ne se gênent pas pour conclure que « les riverains » seraient opposés aux « zadistes ». Ces opérations de communication cherchent à diviser, à jouer sur les peurs, fantasmes et préjugés. Un ancien maire déclare que « tout le secteur » serait « soumis à la loi du plus fort imposée par des mercenaires-occupants qui font régner la terreur ». Dans le même registre grotesque, le nouveau président de région n’hésite pas quant à lui à comparer la zad à « Mossoul » ou « Damas ». Mais aussi insistantes que soient ces opérations de propagande, elles ne peuvent masquer la réalité locale et la force du mouvement. Face à ces attaques nous voulons ici rappeler que : la quasi-totalité des habitants des bourgs alentours est fermement opposée au projet d’aéroport.

Une très grande partie d’entre eux entretient des rapports de bon voisinage avec les occupants de la zad. En 2012, de très nombreux habitants du coin se sont mobilisés pour soutenir et ravitailler ces occupants lorsque milles policiers sont venus envahir la zad et y détruire des fermes et maisons. Depuis, beaucoup de ces habitants ont participé aux chantiers collectifs, fêtes et mobilisations ou passent au quotidien sur la zad. Des liens denses se sont tissés dans la lutte et on peut affirmer sans risque de se tromper que la solidarité locale sera de nouveau au rendez-vous en cas de nouvelle tentative d’expulsion de la zad.

Nous n’affirmons pas ici qu’il n’y ait jamais eu d’incidents avec certains habitants des bourgs alentours, notamment pendant la période de fortes tensions créée par l’occupation policière qui a suivie l’opération César. Il est alors aisé, comme dans n’importe quel village ou coin de banlieue qui se retrouve sous les feux des projecteurs, de monter quelques faits divers en épingle dans les médias et de les ressasser ensuite à l’infini pour faire de l’esbrouffe. C’est ce que s’emploient, de loin, quotidiennent à faire Retaillau, Mustière et consorts pour semer la zizanie. De près, la réalité du terrain est toute autre, ouverte au dialogue, à l’entraide et à la volonté de vivre ensemble.

Nous n’affirmons pas cependant ici faire l’unanimité. A chaque fois que des gens décident de vivre en porte à faux avec les normes sociales individualistes et consuméristes, elles sont sujettes à la critique et à des attaques. Il y a des forces réactionnaires dans les bourgs autour de la zad comme partout ailleurs. Cependant, ce qui s’expérimente collectivement sur la zad, en terme social, agricole ou politique, est porteur d’un espoir tangible pour toutes celles et ceux qui ressentent aujourd’hui que le monde productiviste et marchand va droit dans le mur.

Les voix qui se font entendre du coté des pro-aéroport sont avant tout celles des lobbys patronaux et des élites politiques locales. Et c’est bien le gouvernement qui fait « régner la terreur » lorsque ses hommes armés débarquent dans le bocage et qui engage « des mercenaires » privés pour mener à bien ses projets. Mais contrairement au mouvement anti-aéroport, les pro n’ont jamais bénéficié d’une quelconque assise populaire. Et ce pour une simple et bonne raison : cet aéroport comme tant d’autres projets d’aménagement nuisibles du territoire va à l’encontre de la volonté et des intérêts des populations concernées. Nous continuerons à lutter pour un avenir partageur et sans aéroport, main dans la main avec les habitants et paysans qu’ils voudraient forcer aujourd’hui à partir.

Le groupe presse de la zad, le 8 janvier 2016