L'AUTRE QUOTIDIEN

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Qui a intérêt à la mort de la presse d'information ?

A tous ceux qui n'ont jamais connu l'ambiance d'une salle de rédaction, du continuel brouhaha ambiant et des incessantes allées et venues dans le bocal, bienvenue à Deadline, un photo-book hilarant et remarquable sur la meilleure façon qu'on avait de se maculer les doigts; quand la presse papier existait vraiment… 

On apprécie fortement le travail du reporter-photographe américain, Will Steacy, depuis sa série sur la désertification urbaine aux USA, Down These Mean Streets de 2012 et ses images dans Wired, The Guardian ou The New Yorker. Un œil carrément engagé qui réussit le pari de montrer l'agonie de la presse papier, tout en tirant des lignes de fuites sur son avenir, sous un autre format..

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Durant cinq ans, Will Steacy a photographié les locaux de la rédaction, ainsi que l’imprimerie du Philadelphia Inquirer en pleine période de difficultés financières : abandon des annonceurs, licenciements en série, menace de faillite... Avec Deadline, c’est la réalité de toute l’industrie de la presse nord-américaine et mondiale qu’il dépeint et le traitement de l’information à l’ère d’Internet qu’il questionne. Et il sait exactement de quoi il parle, pour faire partie de la cinquième génération de Steacy impliquée dans la presse.

« Depuis 2000, la presse s’est séparée de 30 % de sa force de travail : il s’agit du déclin industriel le plus rapide de l’histoire de l’Amérique. Au moment où nous connaissons une transition sociale sans précédent, où nous passons à une économie des technologies de l’information dans laquelle les innovations ont rendu obsolètes un certain nombre de compétences, ont amélioré la productivité tout en réduisant les masses salariales, il convient de poser une question : quel a été le coût humain de ces gains? Quand la presse perd des reporters, des rédacteurs en chef et des rubriques entières, nous perdons en couverture de l’information, en connexion à nos villes et à nos sociétés, et, en définitive, nous nous perdons nous-mêmes. (...) Un journal est bien plus qu’un business, c’est un bien commun. » W. Staecy

En 80 pages imprimées sur papier journal, et cinq cahiers distincts, il offre 70 articles rédigés par 16 prix Pulitzer, tous issus de la rédaction qui y discutent non seulement de la situation du journal, mais aussi des conditions de travail de la presse actuelle, comme de son avenir, avec pas moins de 600 illustrations. Un super travail sur le souvenir à l'époque des flux de big data…  Et un vrai collector à s'offrir, pour se souvenir de l'époque où l'on adorait se tâcher les doigts avec les macules de l'imprimerie.

Deadline de Will Steacy (80 pages - papier journal) - b.frank books, 2015
www.willsteacy.com