L'AUTRE QUOTIDIEN

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Le gouvernement refuse toujours d'installer des points d’eau pour les migrants de Calais

Pas beau du tout ! Vous vous souvenez peut-être que la décision du tribunal administratif de Lille, saisi par deux organisations terriblement gauchistes : Médecins du Monde et le Secours Catholique, de contraindre l'état à installer huit points d'eau dans la "jungle" de Calais, avait fait du bruit dans les média. On s'était étonné de la mesquinerie des autorités. Qui, pour sauver la face, avaient tout de suite fait savoir qu'elles avaient justement déjà décidé de le faire. Puis on était passé à autre chose, convaincus que tout cela (qui est très peu de chose) était enfin réglé. Grossière erreur. Car l'état a finalement fait appel de cette décision. Sans doute pour ne pas prêter le flanc aux accusations de ceux qui lui reprochent de s'occuper du sort des étrangers plus que de celui des français. On est donc dans l'ignoble. Lisez, vraiment, lisez la lettre au tribunal dans laquelle la Direction des Libertés Publiques et des Affaires Juridiques annonce qu'elle fait appel de sa décision, pour avoir une idée d'à quoi on s'affronte quand on affronte l'état. Implacable machine.

Dernière heure : c'est rare qu'on puisse dire ça, mais c'est officiel, et confirmé il y a deux heures par le Conseil d'état : nous avons eu raison de faire un scandale à propos de la décision honteuse (minable ? oui, minable irait bien aussi) du gouvernement de faire appel d'une décision du tribunal administratif de Lille qui le condamnait, sous peine de (légères) sanctions financières, à installer dans la semaine huit point d'eau dans la jungle de Calais, et recenser les enfants mineurs pour leur porter assistance. Oui, ils ont fait appel ! Les plus hautes autorités de l'état n'ont pas hésité à faire appel pour ne pas avoir huit points d'eau à installer, et surtout pour défendre leur fierté chatouillée par les juges ! Vous trouverez l'intégralité de leur lettre au tribunal dans notre article - c'est ... sans adjectif. Eh bien, pas de chance, le Conseil d'état, la plus haute juridiction administrative en France, vient de donner tort une seconde fois au gouvernement. Allez, des robinets, et que ça saute !

Néanmoins, lisez quand même toute l'histoire.

Cela en vaut la peine.

Le 23 novembre, 16 h.

 

 

Des habitant-e-s du bidonville de Calais, le Secours catholique et Médecins du Monde avaient saisi le tribunal administratif de Lille pour obtenir des mesures d’urgence pour faire cesser un certain nombre de violations de leurs droits. Le tribunal leur avait donné gain de cause et avait ordonné des mesures a minima: des points d’eau et des toilettes supplémentaires, une collecte des déchets et un nettoyage du site, des accès pour les secours, et un recensement des mineurs en vue de saisir l’Aide Sociale à l’Enfance.

Des mesures insuffisantes pour faire cesser la situation scandaleuse qu’est l’existence de son bidonville, mais permettant d’y apporter un minimum de salubrité. Et un premier pas pour trouver une réponse à la situation des centaines de mineurs habitant le bidonville.

L’État a d’abord réagi en disant que ces mesures étaient de toute façon prévues.

Il a ensuite, le 12 novembre, fait appel de la décision du tribunal administratif, arguant qu’il avait déjà satisfait à ses obligations vis-à-vis des habitant-e-s du bidonville de Calais, et qu’il n’avait aucune obligation légale à faire plus.

Vous pouvez télécharger le mémoire en appel du ministère de l’intérieur ici.

Derrière la situation particulière du bidonville de Calais, le gouvernement tente de faire avaliser par la justice qu’il n’a pas d’obligations vis-à-vis de situation de détresse sociale criante, et que l’action qu’il pourra mener ne peut dépendre que de son bon vouloir.

Mais si l’État n’a plus d’obligations en terme de solidarité et n’a pas pour mission de faire cesser des situations assimilables à des traitements inhumains et dégradants, pourquoi et pour qui payons-nous des impôts ?

Passeurs d'hospitalité